Grandeur précaire et décadence saillante du foot wallon (1/2)

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Ce vendredi, l’Excelsior de Mouscron sera fixé sur son sort suite à l’appel intenté vis-à-vis de la décision de notre chère Union Royale Belge des Sociétés de Football Association (magnifique appellation, s’il en est) de lui retirer sa licence professionnelle au nom de sa lourde dette -notamment- à la sécurité sociale, notre fierté nationale qui plus est (à laquelle il faudrait donc apporter le respect qui lui est dû, dont acte).

Etait-ce là une décision purement dilatoire de la part du club hennuyer – pour utiliser une expression retrouvée dans ma gazette préférée (que j’aime dès lors encore plus), alors même que je m’étonne que ses scribes connaissent ce vocable juridique de haut vol signifiant une manœuvre ayant pour seul objectif de gagner du temps ?

Les mêmes reporters citaient en effet l’alléchante recette du match de vendredi contre le Standard (0-0), de l’ordre de 100.000 € disent-ils, pour peut-être expliquer uniquement l’appel finalement intenté par le club. Dans ce cas, la manoeuvre n’aurait donc pour seul réel objectif de permettre le match contre les doubles champions de Belgique, avec, en raisons complémentaires, du temps pour une hypothétique négociation avec un repreneur, le sentiment chez le fidèle supporter que tout a été mis en oeuvre pour sauver les meubles et enfin, le match-vitrine d’adieux rêvé (beau timing, si je puis dire) pour les joueurs qui devront probablement se trouver un nouvel employeur et qui ont pu communier dans la tristesse avec le stade, sous l’oeil à visser des caméras de télévision. Ce fut à cet égard une franche réussite si je puis dire, puisque pas moins de 62 scouts (sans foulard, ni totem), c’est-à-dire de recruteurs en bon français, étayaient les travées du Canonnier, ce qui a fait dire aux mauvaises langues que c’est ainsi que le stade fut copieusement garni.

Si tel est le cas – l’appel du club n’a pas d’autres optiques- et tout semble l’indiquer (nulle trace de tractations ayant eu lieu cette semaine sur une reprise en D1), il faut selon moi, en tant que citoyen et amateur de football, s’en réjouir.

Il semble en effet que les responsables de l’Excelsior Mouscron, contraints diront certains, se sont fait une raison : il n’y avait pas, à l’heure d’avoir interjeté appel, de solutions viables pour le club et tout indique que cette semaine n’a rien révélé de neuf à cet égard.

En effet, le délai a laissé de fait une semaine pour voir s’il existe une réelle solution à long terme pour sauver le club, en l’occurrence par l’arrivée d’un repreneur qui apporterait suffisamment de garanties vitales au club pour envisager son avenir au-delà du paiement desdites dettes (ce serait déjà bien que quelqu’un accepte de les payer, ces dettes).

Il faut dire que le jeux en valait la chandelle : le club mouscronnois possède un très bel outil de travail (stade & centre de formation), de fidèles et sympathiques supporters (qui verraient probablement d’un bon œil l’arrivée d’un repreneur, quel qu’il soit) et joue (jusqu’à nouvel ordre) dans une division qui est l’une des plus ouvertes d’Europe aux joueurs étrangers (ce qui intéresse des investisseurs étrangers avides d’y placer leur poulains, comme à Beveren).

Peut-être pouvait-on espérer une solution comme celle qu’a connu le Lierse, repris par un groupe égyptien et qui ne devrait pas tarder à faire son retour en D1, ou Beveren (bien que cela se soit mal terminé pour eux, pour une sombre histoire -de racisme ?- qui a consisté à remplacer les Ivoiriens par des Bosniaques et autres Croates – qui avaient eux la qualité d’avoir la peau blanche- ce qui conduit le club tout droit en D2)

Donc, une fois n’est pas coutume dans le football wallon, les dirigeants mouscronnois semblent avoir agit – délibérément ou sous la contrainte, qu’importe ici- en dirigeants responsables: constatant qu’aucune offre d’un repreneur n’est arrivé sur la table et en tout cas aucune qui ne contienne suffisamment de garanties pour pérenniser l’avenir du club (joueur, personnel, centre de formation), l’idée semble faire son chemin que ce n’est pas un scénario-catastrophe de recommencer sur des bases saines en Divison 3, et que cela est même, je le crois, préférable. C’est par ailleurs vers cette solution qu’on s’oriente au vu de ce que l’on veut  bien nous dire puisqu’on parle désormais d’une fusion entre Tournai, Peruwelz, Ath et Mouscron pour former là un grand club de l’Ouest-Wallon.

Il faut dire qu’un exemple éminemment positif existe à cet égard, celui du Racing Genk, grand club belge (bien que ses résultats ne soient pas à la hauteur depuis trois ans) issu d’une fusion entre Winterslag et Waterschei en 1988, avec une première participation à la Coupe d’Europe par plus de dix ans plus tard.

Toutefois, au-delà du cas singulier de l’Excelsior Mouscron, n’est-ce pas là un club une nouvelle fois victime d’un syndrome qui toucherait le football wallon ?

C’est à cette épineuse question que votre serviteur se propose de répondre, par la positive, vous vous en doutez.

Il est dès lors venu d’identifier ce mal qui touche d’années en années le football wallon, à l’histoire faite de grandeurs précaires et de décadences saillantes; des récents titres du Standard de Liège à la longue descente aux enfers de la Royal Athlétique Association La Louvière, aujourd’hui Football Couillet La Louvière.

Au-delà des situations toutes différentes que vivent les clubs du sud du pays, un facteur semble redondant, au point qu’il apparaisse indéniablement comme le mal génétique dont souffre le football en Région Wallonne : l’existence de clubs professionnels sous forme de structures instables, exposées aux coups de vents politiques, personnels et économiques.

Autrement dit, il suffit que l’entraîneur à succès, le manager talentueux, le président-mécène ou l’homme politique-supporteur local tourne le dos au club, et c’est la débandade…

(la suite ce samedi !)

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