Grandeur précaire et décadence saillante du football wallon (2/2)

24 décembre 2009 by

(1ère partie)

En effet, pas un seul club wallon militant ou ayant milité récemment en Jupiler League n’a pas connu ces soubresauts-là, revue des troupes, de A à Z.

Charleroi. Le plus grand club hainuyer est le seul club de la province bénéficiant désormais d’un réel potentiel populaire (le stade n’est pas toujours très fourni, mais je crois qu’il en irait autrement si le club gagnait un titre, y compris la Coupe) et économique (l’un des seuls clubs belges en boni), mais il n’en a pas toujours été ainsi, loin s’en faut. La famille Bayat, actuelle propriétaire du club, a repris le matricule agonisant et continue de le faire savoir : autoritarisme et autre confiscation du pouvoir à toutes les échelles sont le lot quotidien du club, que ce soit vis-à-vis de ses joueurs mais surtout de son staff technique et de ses supporters. Certes, le club zébré est redevenue quoi que l’on dise une valeur sûre de D1, un club connu pour son football souvent chatoyant (mas pas vraiment pour son efficacité) et sa communication osée (spéciale décidace à Mogi Bayat, neveu du grand manitou) mais il est encore loin d’être un club pouvant revendiquer de jouer 20 ou 30 matchs au même niveau pour briguer un titre (question davantage de volonté que de capacité me dis-je) et continue d’année en année de snober la Coupe -comme tout le monde me direz-vous-, pourtant une compétition taillée pour lui en ce qu’elle permet la victoire finale (et le ticket européen qui va avec) après le gain de quelques matchs.

La Louvière. C’est là, sur les terres de votre serviteur, que l’histoire du football wallon a son doute connu son parocsisme , avec en mémoire de supporteur d’un côté la victoire en Coupe de Belgique, la fabuleuse équipe dirigée par Ariel Jacobs qui a joué un moment les premiers rôles en championnat (notamment avec Oneywu, Odemwingie, Klukowski, Proto, Ishiaku, …) et enfin la participation à feu la coupe UEFA; et de l’autre, la descente aux enfers : rétrogradation sportive à l’issue de la saison 2006-2007 puis rétrogradation administrative en D3 la même année, montée ratée de justesse il y a deux ans (sur injonction de la direction qui aurait fait comprendre aux joueurs que le club ne pourrait évoluer un échellon plus haut) puis absorption de la RAAL l’an dernier par Couillet (aka échange de bons procédés entre un club avec un terrain et un club avec un matricule) pour aboutir à une équipe sans âme, végétant pour l’instant en Promotion (division 4).

Mons. Les Dragons crachent désormais le feux en D2, pour la seconde fois en quatre ans, où ils occupent présentement la seconde place ex aequo.

L’équipe a elle, pour une ville de la taille de Mons (troisième ville wallonne, 90.000 âmes, sans compter sa périphérie), toujours eu un réel manque d’assise populaire (une des plus faibles assistances de D1 à l’époque, derrière des bourgades comme Westerlo) et d’assise économique (donnant cette forte impression d’être la chose de son président, ce qui est toujours dangereux, vous en conviendrez); ceci pour des raisons relativement inconnues si ce  n’est la concurrence du basket (Dexia-Mons Hainaut jouant le sommet de la D1 dans un écrin ultra-moderne chauffé à bloc).

Peut-être Mons va-t’il faire son retour en D1 (le club en a en tout cas les moyens) mais toute la question est de savoir si cette fois le club aura un staff technique et managériale fort, capable de contrebalancer le pouvoir, autrefois énorme, du vestiaire (autrement dit des joueurs, pour les incultes des expressions footballistiques) ? Dans ce cas, et dans ce cas seulement, je m’en féliciterai vraiment (bien que je n’y sois pour rien) et rallierai comme à la bonne époque les travées du stade Tondreau, où l’on a de temps à autre vu du jeux chatoyant (cf.Charleroi, point commun : la filière française, synonyme de capacité technique très appréciable).

Mouscron. L’Excelsior a tout connu mais sa course (folle) va s’arrêter, mais combien de fois ne l’a-t’on pas dit ? Déjà l’an dernier, le président Philippe Dufermont avait dû injecté des deniers personnels pour sauver la peau du club et il l’avait fallu toute la diplomatie locale pour convaincre la Maison de Verre (le très ronflant surnom de la Fédé) d’octroyer la licence avec sursis aux sociétaires du Canonnier, décision que n’aurait peut-être pas prise ladite fédération si huit clubs wallons évoluaient en Jupiler League. La preuve : il se dit désormais officiellement que la ligue pro (une instance autre que la fédé mais en relation) souhaiterait un quota de clubs wallons pour que le foot reste un sport national. Il fallait en effet être particulièrement idéaliste pour croire que la direction de l’Excelsior parviendrait à la mi-octobre à avoir rembourser les dettes faramineuse de l’Excel, tout en rétribuant régulièrement ses joueurs. Vraisemblablement, le club fut reglo pour les salaires, pas pour les dettes; c’est un choix qu’il s’agit aujourd’hui d’assumer et dans la foulée, envisager froidement l’avenir du club, à court et moyen terme (ce qui est bel et bien le cas).

Sportivement, c’est sûr que Mouscron ne s’est plus rendu indispensable aux amateurs de football ces derniers années, étant depuis un temps une équipe insipide, au maillot façon D3 floqué d’un sigle DH du plus mauvais goût, au contraire de son public de passionné, qui ne mérite vraiment pas çà (assister à un match au Canonnier est à conseiller, y compris pour les femmes enceintes). Seule éclaircie : le génial bahrénien d’origine nigérianne, Jaycee. Un joueur loufoque, spectaculaire, à la tête un peu (beaucoup) brûlée – sans mauvais jeux de mots- par exemple lorsqu’il a récemment tiré un penalty à 0-0 sans élan (et qu’il a, heureusement pour lui, marqué).

Il doit assurément faire partie des 5 joueurs sur 30 du noyau actuel, dixit le portier local (qui s’incorpore dedans – fort justement), qui retrouveront de l’embauche en D1, au même titre aussi que Lestienne, Bertelin ou Van Gijseghem. J’avais trouvé les propos du joueur de Mouscron excessif sur le moment (et par ailleurs fort peu sympathique pour ses collègues infortunés) mais j’en arrive exactement au même constat que lui; cela en dit long sur le niveau sportif du noyau actuel…

Standard. D’aucuns diront que le club liégeois n’a rien a faire dans cette funeste liste. Il est vrai que tout auréolé de son double titre de champion de Belgique (parfaitement mérité), on ne peut soutenir que le Standard émerge au rang de ces clubs gérés à la petite semaine. Il a prouvé que le travail de formation et de construction à long terme a fini par payer et on a pu voir cet été que malgré les rentrées financières inhérentes à la participation à la Ligue des Champions, le Standard ne s’enflamme pas (plus) et gère l’héritage et l’argent frais en bon père de famille (trop, se dit-on vu les résultats pour le moins mitigés cette saison).

Toutefois, c’est oublié que c’est l’accession de Michel Preud’Homme au poste d’entraîneur et assurément de l’excellent Michel Daerden au rang de supporter n°1 des Rouches (au gouvernement wallon) qui a sans doute permis au club de Sclessin de renouer avec le succès, après 25 ans de disette.

Encore une question de personne, même si cet important capital sportif et financier apporté par ces deux homme a su contribuer à un projet à long terme, puisque l’aire Bolöni est pour l’instant un succès, bien que très mitigé cette année (mais tant que le Standard n’est pas éliminé des playoff, tout est possible) et que le centre de formation, financée en grande partie grâce au Guinsbourg de la politique, est par essence aussi un outils d’avenir.

Osons donc cette conclusion : le Standard n’a-t’il pas retourné à son avantage le mal chronique du football wallon, la sureprésentation des acteurs individuels dans et autour des clubs, pour utiliser ce mécanisme et construire du solide sur ces fondations pourtant précaires ? L’avenir nous le dira. Cela se jaugera sans doute à ce que les titres récemment acquis ne restent pas sans lendemain…A cet égard, en cas d’échec, on pourra même postuler que le Standard s’est méfié avec outrance du mal du foot wallon en n’investissant pas suffisamment ses rentrées financières et en comptant trop sur les jeunes pouces.

Tubize. Le premier club d’élite du brabant wallon (ce qui, d’un côté, n’a rien d’exceptionnel – la province ayant 20 ans à tout pêté et ayant le hockey sur gazon en sport n°1 – je sais pas si je déconne) a l’an dernier fait un rapide A/R en Jupiler League, avec une entame à la grenobloise puis un tronçon impressionnant (qui a coincidé avec la forme de Jeremy Perbet) avant de finir comme il avait commencé.

Cette saison, aucun observateur ne voit le club de (suivez mon doigt) Raymond Langhendries (Ancien Maïeur local et ex-président de la Chambre) remonter en D1 (malgré une très belle vareuse), ce qui fait que le vrai faux club hainuyer est sans doute condamné à la D2 pour plusieurs années encore parce qu’il est bien connu que quand on ne remonte pas directement, c’est que c’est pas pour demain (spéciale dédicace à la matricule 1, antwerp FC).

Face à ce dur constat, comme tout problème a une solution, sans doute est-il aussi de notre ressort d’épingler une voie de sortie pour le football wallon ?

Puisqu’il semble qu’il semble en Wallonie que foot pro rime avec Hainaut et Liège, ces provinces populaires, cette réalité pose deux questions spécifiques : celle du regroupement des clubs professionnels essentiellement pour rassembler les quelques sponsors privés, celle de la légitimité de l’aide publique destinée aux clubs pro.

Quant à la question du regroupement des entités footballistiques, elle s’avère sans doute indispensable pour avoir pour partenaires viables des entreprises privées dans un vrai projet sportif. A cet égard, comme on l’a déjà dit, l’exemple de Genk dans une région elle-aussi populaire est assurément éclairant. Toutefois, l’idée de regroupement exige peut-être de se situer dans une zone où une ville règne en maître, ce qui n’est pas le cas en Hainaut où Charleroi subit la concurrence de villes pas beaucoup moins grandes comme Mons, La Louvière, Tournai et Mouscron.

Plus encore, ces regroupements devraient être exigés des pouvoirs publics en ce que cela diminue les subventions publiques à allouer aux clubs et cela peut sans aucun doute pérenniser une entité sportive.

Il est à cet égard vraiment déplorable de voir ce genre d’alliances objectives buter, comme on l’a vu récemment à La Louvière entre la défunte RAAL et la toujours bien vivante US Centre (deux équipes évoluant dans la mythique enceinte du Tivoli), sur l’autel de la rivalité entre clubs et/ou supporters, de l’égo (principale tare humaine) des dirigeants ou encore de questions pragmatiques comme la répartition des terrains ou de la gestion des équipes de jeunes. Sur ce dernier élément, gageons qu’il peut être balayer d’un revers de la main, rien n’empêchant deux clubs à fusionner tout en maintenant plusieurs sections distinctes pour la formation, voire la post-formation (à l’exemple de l’alliance La Louvière-Couillet, deux villes distantes d’une trentaine de kilomètres).

Pour ce qui concerne le rôle des pouvoirs publics dans un tel contexte, il est bien plus à baliser que dans le cas de clubs s’inscrivant dans un environnement socio-économique au beau fixe (par ailleurs, ces clubs-là n’ont pas vraiment besoin de l’aide publique).

A première réflexion, si c’est pour investir dans des salaires de joueurs professionnels (la majeure partie des budgets des clubs) qui partent aussi vite qu’ils arrivent ou dans de la brique précaire (cf. Stade Roi Baudoin, rénové en 2000, aujourd’hui complétement dépassé), les pouvoirs publiques, dans un contexte socio-économique difficile (Hainaut et Liège pour ne pas les citer), ne devraient pas délier le cordon de la bourse.

Certes, la tentation est grande d’offrir du pain et des jeux pour le Peuple (meurtri par le chômage et tout ces choses-là), de permettre au club de son coeur de vivre, (cf. Detremerie, Langhendries, …) et – plus légitime toutefois- d’associer club en première division avec image de marque de la Ville (qui connaitrait Westerlo sans le KVK du même nom ?), mais les hommes de pouvoirs devraient se dire qu’il y a d’autres priorités.

Par contre, si les clubs viennent à présenter aux pouvoirs publics un projet à moyen et long terme, associant la population locale et de jeunes joueurs du terroir, nos gouvernants devraient être partie prenante, cela s’inscrivant parfaitement dans leur mission de service public; le football pouvant créer image de marque, cohésion sociale, sentiment de fierté et d’avenir pour la région et ses habitants (particulièrement pour les plus jeunes) mais aussi retombées financières sonnantes pour la région (j’ai évité le terme « trébuchantes » vu le contexte psycho-dramatique dans lequel s’inscrit le ballon rond wallon).

Versent plus négatif de l’argumentaire, une telle circonscription du rôle du politique a lieu d’être pour éviter que l’argent soit investi dans une structure bancale ou potentiellement bancale dans le cadre de laquelle les coups de vent politiques, personnels et économiques seront de la partie (et dans lequel l’argent public partira en fumée, un jour ou l’autre).

Pour en revenir au contexte actuel de notre football, l’intervention des pouvoirs publics peut donc jouer un rôle important : celui de la stabilisation des structures existantes, par le biais d’un accord très stricte avec le club sur un plan à court, moyen et long terme en matière de formation, de post-formation (passage vers l’équipe dite première des éléments formés), d’implication de la population locale dans l’activité dans et autour du club, mais aussi de résultats, notamment sportifs.

C’est là que le politique a un rôle aujourd’hui. Et là seul que se situe la légitimité de l’intervention du contribuable. Je me félicite à cet égard de l’intervention du Ministre des Sports André Antoine qui n’a pas souhaité consacré des fonds publics au sauvetage (bancal) de l’Excelsior mais plutôt à la reprise de son centre de formation, peut-être sous une nouvelle matricule avec Peruwelz.

Enfin, au delà de la sortie de crise de notre football et de sa relance, et je rejoins Alain Courtois sur ce point, notre pays a besoin de projets forts, et notamment de rupture par rapport à la gestion à la petite semaine .

Le projet « coupe du monde 2018 » doit pour cette raison être soutenu, y compris à Charleroi. C’est un projet sportif, humain et économique important, et donc un défi politique à relever. Un défi stimulant, peut-être à l’origine d’autres initiatives dans d’autres domaines.

Le foot, miroir de la société, doit montrer la voie à suivre. C’est par ailleurs la voie de sa survie.

Quand l’utile se mêle à l’agréable (ou plutôt le contraire), on appelle souvent ça du football-Champagne mais appellerons-nous ça un jour du football-Wallon ?

Forum sur le net : plaisirs malsains?

6 novembre 2009 by

Comme c’est bon… et comme j’ai honte. Je ne peux pas m’empêcher de le faire. Je ne comprends pas exactement pourquoi, mais c’est plus fort que moi.

Depuis quelques mois, je passe de plus en plus de temps à parcourir les forums et les rubriques commentaires sur le net. Dès que je lis un article sur un site, qu’il s’agisse d’un sujet interpellant ou de sport, je ressens le besoin de connaître les réactions des gens par rapport aux évènements relatés. Je lis ces rubriques tout en ayant la conviction qu’il s’agit ni plus ni moins d’un alignement de propos débiles, diffamatoires, haineux ou populistes. Très rarement on y trouve de la pertinence. Et quand cela arrive, on est attristé qu’il y ait toujours une ribanbelles de ploucs pour surenchérir avec des âneries et tirer la discussion très très loin vers le bas.

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Grandeur précaire et décadence saillante du foot wallon (1/2)

5 novembre 2009 by

Ce vendredi, l’Excelsior de Mouscron sera fixé sur son sort suite à l’appel intenté vis-à-vis de la décision de notre chère Union Royale Belge des Sociétés de Football Association (magnifique appellation, s’il en est) de lui retirer sa licence professionnelle au nom de sa lourde dette -notamment- à la sécurité sociale, notre fierté nationale qui plus est (à laquelle il faudrait donc apporter le respect qui lui est dû, dont acte).

Etait-ce là une décision purement dilatoire de la part du club hennuyer – pour utiliser une expression retrouvée dans ma gazette préférée (que j’aime dès lors encore plus), alors même que je m’étonne que ses scribes connaissent ce vocable juridique de haut vol signifiant une manœuvre ayant pour seul objectif de gagner du temps ? Lire le reste de cette entrée »

Du culte des morts en Gaume : chronique d’une gonzo-enquête avortée

4 novembre 2009 by

Le Week-end avait commencé sur une peau de banane : quelques godets entre amis dans notre crèmerie préférée et un réveil samedi matin dans un état de santé plus que pitoyable. Aurais-je de la fièvre ? Mais non, abruti, tu as juste une méga gueule de bois. Incapable de tenir sur mes jambes, vomissements incessants, gigitte galopante, migraine puissance dix. Comme un gosse, j’ai pleurniché toute la journée jusqu’à ce que ma blonde exaspérée appelle SOS médecins. Une judicieuse piquouze dans la fesse, et sur le quart de sept, j’étais accoudé à table et j’avalais 40 bons centimètres de chipolata. Histoire banale et sans intérêt me direz-vous. Je vous l’accorde. Mais cet épisode devait être évoqué pour en arriver à la suite.

A cause de mon comportement inqualifiable, ma bonne amie avait du annuler son départ pour les terres du Sud. Elle avait prévu de passer le week-end en Gaume pour y visiter de la famille. Me sentant quelque peu responsable de ce départ avorté, j’ai pensé qu’il serait de bon ton de l’accompagner dès le lendemain dans ce long périple. J’en profiterais pour alimenter ce blog d’une enquête indispensable et parfaitement d’actualité en ce Week-end de Toussaint : Comment pratique-t-on le cultes des morts en Gaume, où vraisemblablement la pensée magique est toujours présente ? Lire le reste de cette entrée »

11h10 : toujours un soulagement !

28 octobre 2009 by

Il y a quelques minutes, il était 11:09.

Aujourd’hui, devant vous, je dois le reconnaître : cela me fait toujours les boules, quand bien même plus de 8 ans après la guerre de New-York.

Quand je vois ces deux chiffres juxtaposés dans le cadran horaire (et j’ai toujours la sacrée malchance d’y jeter un coup d’oeil à ce moment-là), j’ai peur. Peur, par exemple, que dans la rue jouxtant mon nouveau bureau, un cerf-volant piégé (de Kaboul, probablement) sème la panique avant de s’écraser sur la cathédrale voisine, laissant derrière, devant et sur les côtés d’elle des dizaines d’orphelins, actuels ou futurs, dont la Communauté Française de Belgique, exsangue financièrement, ne pourra même pas s’occuper.

J’avais choisi, chers lecteurs, chères lectrices (surtout vous), de laisser l’exclusivité de mon témoignage à Jean-Luc Delarue mais celui-ci, probablement trop occupé à s’engueuler avec des algériennes dans un avion (peut-être lui aussi a-t-il peur ?), m’a toujours négligé. Dont acte.

Confession – L’esprit du Père Damien

27 octobre 2009 by

père Dam

Il y a quelques mois, j’ai emménagé dans un nouveau quartier. En 10 ans de vie bruxelloise, cela fait tout de même 6 fois que je remplis mes boites à chaussures pour les vider quelques pâtés de maisons plus loin. Des quartiers, j’en ai connu, et tous différents. J’ai commencé par la place Anneesens, puis la rue des Fabriques, dans la zone du centre située entre la porte d’Anderlecht et la Bourse. Ensuite, pendant mon époque chômeur, j’ai opté logiquement pour un quartier correspondant à mon standing, situé entre la gare du Midi et Cureghem. Quartier qui au final offrait de nombreuses commodités : échange des figurines pannini coupe du monde avec le petit bilal et son cousin Sheriff, succulente mitraillette halal sauce mamouth à 2€ (imbattable), port du training conseillé à toute heure (ambiance casual), achat de cigarettes à la pièce, etc.

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Lecteurs, Lecteuses, Belge, Belge, Autres, Autres,

22 octobre 2009 by

L’heure (21h29) est grave, il faut bien le dire. Si vous croyez que cela nous fait plaisir, détrompez-vous (vous-même).

Jusqu’ici, pour nous épargner la tenue d’un tel espace sur le world wide web, nous mettions ça sous le compte de la conjoncture, pour user d’un de ces nombreux termes incompris de tous mais utilisés par ceux-là même à tours de bras, et même de saisons.  L’automne est cette lente saison de rodage qui suit l’abétissante saison d’été, intériorisée comme telle par le fameux citoyen Lambda (qu’il soit glorifié à jamais). L’hiver est par définition terne dans nos laides contrées et le printemps joue l’indispensable rôle de saison des chasses (à l’homme politique, entre autres choses).

Mais aujourd’hui, armés de nos haches, nous sortons du bois. Pour vous dire à quel point, au nom d’une certaine hypocrisie qui ne dit pas son nom (hypocrisie), tout ce que ce cher citoyen (que son nom Lambda soit glorifié à jamais) pense relever de ce qui compte dans ce bas monde est abordé publiquement de manière lisse, détournée ou inappropriée.  Cette manie de passer à côté de l’essentiel nous fait souvent sourire. Mais il convient d’admettre que ce rire a pour origine une forme d’inquiétude, un sentiment de malaise. « Et si cela était intentionnel ? » Ca y est, nous y sommes : LE GRAND COMPLOT !!!

En tous cas, il est désormais un fait établi que nos amis Les Médias, que nous suivons envers et contre tout, se fatiguent souvent pour rien, pour ainsi dire (rien).

Par exemple, à l’occasion du retour à la qu’on pête de cette très chère Justine Hache (notre bien aimée soeur cachée, de profil, derrière sa raquette) nos amis lui ont consacré de longs articles parfois parfaitement consensuels dans lesquels ils se félicitaient que la sublime rocheforto-monégasque revienne glorifier la fière Nation qui en a bien besoin, mais aussi d’autres dans lesquels ils se demandaient pourquoi les Belges l’apprécient aussi peu.

Dans leurs billets d’humeur, les rédacteurs évoquaient l’orchestration hyper commerciale du retour de notre grande championne (sans qu’elle soit glorifiée à jamais, ne payant pas, au contraire de Lambda, ses impôts au Royaume d’Albert) et tout ce qui tourne autour de l’antipathie notoire du personnage. Mais c’était une fois de plus passer à côté de l’essentiel, pour ne pas dire de l’unique raison à l’origine de cette haine coriace : sa laideur écarlate, son anti-beauté numéro 1 mondiale (voilà bien un titre jamais perdu).

Soyons clairs, comme le disait le regretté Jackson : personne d’entre les hommes et les femmes de ce monde ne regarde le tennis féminin pour le passage de la petite balle jaune d’un côté à l’autre d’un filet (si ce n’est John Mc Enroe, mais est-il de ce monde ?) Pour s’acharner à se lever à 3h30 du matin pour suivre une demi-finale d’Australian Open en jupe et casquette, ne faut-il pas être un peu détraqué psychologiquement ?

Une série de messages très clairs étaient d’ailleurs postés récemment dans un des hauts-lieux de l’intelligentsia belge francophone, le forum du soir.be (Justine faisait à nouveau les gros titres pour une nouvelle question pognon – A-t-elle réellement monnayé 20 000 dollars ses récentes apparitions dans les JT belges ?), dont extrait :

Mahomet dit le 14/10/2009, 09:36

svp ne gâchez pas nos séries avec du tennis !
svp RTBF ne passez plus du tennis sur la Deux à l’heure de PLUS BELLE LA VIE ça nous gache toute la soirée.

Pour en finir avec cette parenthèse tennistique, réjouissons-nous au moins que pour une fois, une majorité de concitoyens et de personnalités publiques semble être revenue à la raison : Justine c’est zéro charme, zéro humour et moult dégoûts. Espérons que cela nous permettra de passer assez vite à la suite.

Vous l’aurez compris, la gazette en ligne qui voit le jour sous vos  yeux se voudra critique tout en s’autorisant le péremptoire ou l’anecdotique. L’idée de base étant somme toute assez simple à résumer :  être une alternative à ce que nous servent à la grosse louche les médias traditionnels (cela semble possible). Si toutefois, cela devait s’avérer être une ambition trop pompeuse, il nous restera tout de même une raison de continuer : le plaisir d’écrire et l’espoir d’informer, de faire réfléchir, de faire sourire.

Concrètement, attendez vous à trouver ici à intervalle plus ou moins régulier des billets d’humeur, des chroniques, des reportages, des photos, des vidéos,  et ce, sur tous les sujets qui agitent nos têtes et nos cœurs. Nous nous autoriserons tous les champs d’investigations et les plus grands écarts.

Et n’oubliez surtout pas, la vie peut aussi être plus laide pour vous. Ne voulant pas que cet espace relève de la sphère narcissique qui envahit chaque jour un peu plus l’internet, nous vous invitons à nous laisser commentaires, suggestions, menaces, insultes, déclarations d’amours, dons, etc.

Bien sincèrement :

Les frères Hache

Prière de ne pas nourrir les canards (cela encourage la vermine)

21 octobre 2009 by

La grande opération lifting des transports en commun bruxellois continue. Il faut reconnaître qu’à la STIB, la ligne de conduite en matière d’image et de communication est cohérente depuis plusieurs années. On ne peut malheureusement pas en dire autant du redéploiement des lignes de métro de début 2009… mais passons, c’est un autre débat.

stib

Depuis quelques temps, les voyageurs sont sollicités par des messages sonores diffusés en station, à ne pas attirer les mendiants en leur faisant l’aumône.

En 2007, la première étape de ce grand nettoyage visait à ejecter des transports publics et des stations les musiciens ambulants et autres saltimbanques.  La mesure avait été présentée publiquement de manière « décomplexée » et même « fun » en organisant d’abjects castings façon « la nouvelle star ». Les nominés recevaient le droit de se produire sur les plus belles scènes de la capitale, comme le couloir du metro gare centrale, entre les poubelles jaunes- station Rogier ou à côté du kioske à hamburger de Arts-Loi. Et pensez vous que le généreux manager d’artistes qu’est la STIB aurait eu la grandeur d’âme de placer  de malheureux tabourets pour que leurs nouveaux poulains grattent la guitare ? Que nenni – juste une pitoyable clé de sol sur les murs, aux endroits où les heureux « nominés » ont désormais le droit d’exercer leur art.

Dans la foulée, il y avait eu cette idée lumineuse de passer de la musique de chambre dans les stations où trainaient des hordes de jeunes désoeuvrés en soirée, dans l’espoir de les faire fuir. Car il est bien connu que le système auditif d’un être humain de moins de 20 ans ne peut supporter une sonate de Schubert. La réaction d’hilarité générale provoqué par l’annonce de cette mesure dans la presse avait incité la société de transport à laisser tomber cette géniale idée.

Aujourd’hui, avec cette nouvelle mesure, la STIB s’attaque à un gros morceau, les mendiants. Dans un premier temps, j’ai été convaincu par les explications données dans le Soir par le porte parole de la STIB : « On veut faire prendre conscience aux clients que s’ils donnent satisfaction aux mendiants, ceux-ci reviendront. Et les mendiants ont d’autres ressources ou d’autres endroits pour mendier ».

En substance, l’argumentation se rapporte à la supposée position du plus grand nombre en la matière « Je n’ai rien contre les pauvres, mais s’il-vous-plaît, pas près de moi ! » La misère est plus belle au soleil, c’est bien connu. Pas dans les couloirs du métro. Et puis, c’est vrai finalement, qui peut prétendre apprécier, le matin en partant au boulot, voire défiler moignons et guenilles ? Et puis finalement, je me suis ravisé. Et j’ai pensé qu’il serait bon de suggérer à ces messieurs de la STIB d’appliquer les anciennes méthodes. C’est tellement simple que sans doute n’y ont-ils pas encore pensé: un casting de mendiants. (D’ailleurs l’idée n’est pas neuve) Quoi ? Qui a dit que mendier n’est pas un art ? Je vous convie à aller admirer certains roms qui parviennent à imiter à la perfection la démarche d’un malade atteint de la polio. Un vrai numéro de contorsioniste ! Je vous invite à écouter certains blanc-becs et autres toxicos, qui parviennent à créer des sketches incroyables, avec une vraie gestuelle, un vrai scénario, et qui se donnent tout ce mal pour légitimer leur demande de fonds. Et puis il y a tout ceux qui ne font rien mais qui ont juste l’un ou l’autre subtil accessoire ( chien à manteau, chapeau pirate, sac à dos panthère rose) pour leur donner ce côté délicieusement pittoresque. Ce merveilleux minimalisme ne contribue-t-il pas à une forme de poésie urbaine ? Ce serait quand même pas mal, si dans le même esprit de fraternité, la STIB créait des emplacements pour que les plus doués d’entre-eux aient le droit de continuer à exercer leur beau métier.